L’audit : un compromis « citoyen » Parus dans les n° 229 à 231 : Presse libre en danger
nov 08

Un collectif des revues Militantes ACC et CONTACT CGT 68 s’est créé dans le Haut-Rhin. Il espère bien s’élargir à d’autres revues. Pour lui fournir toutes informations ou contributions, n’hésitez pas à le contacter en vous adressant à ACC qui transmettra. Vous trouverez ci-dessous un point sur la situation réalisé par ce collectif le 7 novembre 2011.

 

L’ETRANGLEMENT DE LA PRESSE LIBRE

 

On le sait de longue date, la liberté d’expression est un acquis fragile, sans cesse menacé, et de bien diverses manières.

 

Ainsi, à l’instigation des néo-libéraux et de ceux qui veulent la privatiser, la Poste a mis en place des obstacles matériels et financiers de plus en plus élevés pour ne plus avoir à distribuer au tarif presse les petits journaux de la presse libre, dont « A Contre Courant » ou Contact CGT 68 sont des exemples. Dans l’incapacité de satisfaire aux contraintes de routage et de coût imposées par la Poste et le Gouvernement, de nombreuses revues ont été asphyxiées ces dernières années. L’espace démocratique qu’elles préservent se réduit comme peau de chagrin.

 

« A Contre Courant » est aujourd’hui menacé de disparaître au 31 décembre 2011

 

« A Contre Courant » est une revue mensuelle qui paraît depuis 23 ans. Inscrite à la CPPAP (Commission Paritaire des Publications et Agences de Presse), elle envoie chaque numéro à près de 1400 exemplaires au tarif « Presse ».Outre des difficultés liées aux exigences toujours plus grandes de la Poste en matière de coût, de pré-tri et de présentation des envois, la revue est aujourd’hui confrontée à un véritable ultimatum de la part des responsables de la Plateforme Industrielle du Courrier (PIC) de Mulhouse dont elle dépend pour ses expéditions.

 

Il lui est en effet demandé de placer impérativement ses exemplaires sous enveloppe ou sous film plastique à partir du 1er janvier 2012, à défaut de quoi, elle ne bénéficierait plus du tarif préférentiel de presse qui, même s’il augmente dangereusement depuis des années, demeure en-deçà du tarif lent ordinaire. Une « tolérance » lui est obligeamment accordée jusqu’au 31 décembre 2011 pour continuer à effectuer les envois sous bande (en l’occurrence un pli vertical serti par une étiquette qui sert également à l’adressage), modalités d’envoi en vigueur depuis toujours).

 

Il s’agit là d’une contrainte odieuse pour au moins deux raisons:

 

La première est de principe: mettre sous enveloppe constituerait un gaspillage de papier préjudiciable à l’environnement, en contradiction avec notre sensibilité, et les propres intentions affichées de la Poste. Une mise sous plastique serait encore plus préjudicianle de ce  point de vue.

 

La seconde est liée au coût de la mise en oeuvre de cette mesure. Outre l’insupportable surcoût financier qu’elle induirait ( il faudrait en passer par un prestataire de routage), elle épuiserait encore davantage l’énergie militant de la petite équipe qui porte la revue à bout de bras depuis ses origines, et accomplit la totalité des tâches: conception, impression, relure, conditionnement en vue de la distribution.

 

Ceci reviendrait à signer la disparition du titre, au moins dans sa version papier.

 

Une mesure générale ?

 

Pour autant que nous le sachions, cette initiative concerne au moins 7 ou 8 journaux édités dans le haut-Rhin (et peut-être d’autres en région Alsace), de l’aveu même d’un agent du PIC chargé de son application dans le département. Les menaces qui pèsent sur la revue sont elles-mêmes à resituer dans le contexte de libéralisation/privatisation tous azimuts mis en oeuvre par tous les gouvernements successifs depuis plus de 20 ans. La phase finale de ce processus est décrite en détail dans le « Protocole d’accord Etat-Presse-la Poste » du 23 juillet 2008.

 

Presse militante et postiers : des intérêts communs

 

Si les nouvelles mesures menacent la survie ou tout au moins le fonctionnement dans de bonnes conditions de ces revues militantes, et donc d’une manière plus générale la liberté d’expression, elles sont aussi directement préjudiciables aux intérêts du personnel du centre de tri: la mise sous pli papier ou sous plastique permettrait une automatisation des tâches encore plus poussée, entraînant logiquement une réduction des emplois, tout en éloignant encore l’opérateur public de l’un de ses rôles les plus précieux depuis l’après-guerre: garantir et faciliter la circulation des idées.

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